Le 29 Juin 2023, nous recevions en direct le global head of digital learning & innovation de MBDA pour parler Formation 2.0. Florent Grisaud Verrier et Nazim Chibane ont échangé pendant près d’une heure sur les enjeux du digital dans le contexte d’apprentissage.
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L’impact de la transformation digitale et technologique dans la formation
Quelques phrases clés liés à la transformation des métiers, l’upskilling et le reskilling, ont été apportés par notre invité Florent :
« Les entreprises se disent : tout est en train de changer, dans un monde extrêmement volatile, on va donc former plus avec plus de budget et plus en top-down. Les collaborateurs qui ressortent de ces formations explosent puisque les placer 3 à 4 semaines par an c’est impossible. C’est là qu’on arrive aux limites de la formation 1.0 ».
Depuis quelques années, tous nos métiers se sont digitalisés et donnent naissance à une hybridation des processus, outils et méthodes de travail. L’arrivée des IA génératives pour le grand public apporte également une nouvelle strate d’organisation à prendre pour les entreprises tout en concordant avec la culture d’entreprise et les attentes collaborateurs.
En lien avec la formation, ces changements doivent rester en corrélation avec les objectifs de bases qui sont d’attirer, développer, retenir et fidéliser.
Qu’est-ce que la formation 2.0 et en quoi diffère-t-elle des modèles traditionnels de formation ?
Aujourd’hui, la formation, telle qu’on la connaît, avec son modèle traditionnel et ses programmes/plans de mise en place sont dépassés. Dépassé par les nouvelles organisations, les nouvelles méthodes, les nouvelles attentes collaborateurs, le modèle de formation 1.0 ne parvient plus à remplir les objectifs de base de la formation. Il faut donc développer une approche plus agile et durable pour des générations de plus en plus en demande de développement de compétences. Le digital learning arrive donc comme une réponse évidente à une formation qui avait vocation à disparaître, au moins sous cette forme.
Les défis de la formation 2.0
Les chiffres montrent aujourd’hui que les collaborateurs sont mal formés ou mêmes pas formés du tout. Les entreprises ne prennent pas en compte les évolutions métiers mais également les retours de leurs collaborateurs, laissés sans perspectives d’évolution. Le premier défi de la formation 2.0 sera donc de former plus et former mieux.
Un deuxième défi est de former partout, tout le temps. L’hybridation des métiers, le travail à distance, la flexibilité des horaires de chacun, tous ces changements amènent les autres processus à faire de même (à changer, à évoluer). Avoir la possibilité de se former sur un trajet domicile travail, à n’importe quelle heure, sur n’importe quel support et suivant son rythme entraîne une parfaite symbiose entre le collaborateur et ses perspectives d’évolution entendues.
Enfin, pouvoir former avec peu de moyens et de budgets est une autre problématique à résoudre pour les entreprises. En effet, toutes n’ont pas la chance de bénéficier de ressources illimitées sur tous les secteurs, parfois il faut faire des choix (qui font mal). Offrir une formation qui remplit à moitié ses objectifs de quantité et de qualité ne sert à rien.
Les dérives potentielles du digital dans un monde postpandémique
L’aspect digital de la formation 2.0 peut faire à première vue penser que les ressources sont, comme sur une étagère, à disposition et non pas personnalisées suivant les personnes ou le contexte.
« Avec les nouveaux métiers de la cyber, il y a une pénurie de talents. Non seulement il va falloir outiller et faire montée en compétences les collaborateurs mais il faudra aussi les former sur des sujets qui touchent à la performance même de l’entreprise. Une phrase que j’adore aujourd’hui : « Il y a une différence entre rester cohérent et rester redondant ».
Le fait de digitaliser tous les processus peut être à double tranchant. Perdre le lien avec le réel, déconnecter des compétences vraiment à acquérir ou encore oublier le vrai sens de la formation, toutes ces dérives potentielles peuvent interférer avec la bonne montée en compétences des collaborateurs. Chaque collaborateur a une façon différente d’ingérer et d’assimiler une formation en entreprise. C’est pourquoi il est important d’instaurer une culture et une expérience apprenante comme un vrai voyage d’apprentissage pour tous.
Les initiatives concrètes mises en place
Pour promouvoir la formation 2.0, Florent nous a parlé d’un exemple concret des learnings factory, permettant de désiloter l’entreprise grâce au learning :
« L’organisation apprenante c’est une organisation où chacun peut transmettre et peut apprendre. Aujourd’hui on l’incarne physiquement, dans un lieu, dans une sanctuarisation du learning qui sont ces learnings factory qui sont connectés en réseau où chacun peut venir partager. Car une connaissance ne vaut que si elle est partagée. »
« Le défi qu’ont les organisations pour intégrer les changements est lié au fait qu’on a pensé que la formation pouvait se manager. On le voit dans le monde des outils, on parle de « Learning Management System ». C’est un biais de mettre en place ces outils là alors que c’est bien le collaborateur qui doit être au centre de sa montée en compétences »
Il a également pu évoquer le recentrage sur la vraie valeur ajoutée de la formation 2.0 via le modèle de l’offre MBDA (entreprise dont il est le global head of digital learning & innovation) :
« On est en train de construire un écosystème d’outils. On réfléchit à la dimension et au panorama de l’offre également. Aujourd’hui on se dit qu’on ne peut pas que faire du spécifique. On se pose donc la question de comment tout cela s’articule, avec une partie de contenus sur étagère, une partie d’offres sur le spécifique à grosse valeur ajoutée et une mise en place d’outils qui donnent la main aux utilisateurs sur la création de contenus. C’est un projet qui me tient à cœur cette année. »
Comment penser la formation 3.0 ?
On parlait plus tôt de ressources sur étagère, la formation 3.0 elle se dirige plus vers des ressources à la demande (personnalisées selon les besoins et envies des collaborateurs).
L’individualisation du Learning via les nombreux outils qui se perfectionnent est inévitable. Et il vient surtout appuyer des demandes fortes de la nouvelle génération active sur le marché du travail. L’apport des IA génératives sur la chaîne de valeur de la formation et sur les apprenants est également une ressource à prendre en compte et à optimiser.
« On arrive aujourd’hui à proposer des parcours qui sont extrêmement individualisés. On a des plateformes qui sont ‘adaptative learnings’ et je pense qu’on va vers cette individualisation du learning qui sera encore plus poussé avec peut-être, un risque, de perdre cette notion de lien social avec le learning qu’il va falloir rééquilibrer pour introduire le learning dans l’expérience collaborateur. »
On espère que ces échanges vous ont permis de découvrir la formation d’une autre manière et que nos intervenants ont apporté réponses à vos questions.
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