Depuis 1970, plusieurs enquêtes statistiques menées sur les conditions de travail par le ministère du Travail et par L’Insee mettent la lumière, le stress, la souffrance physique et morale au travail et toutes les problématiques qui l’entourent.
Quand cette coupure de “l’avant / après” s’est-elle marquée ? Quelles en sont les évolutions et conséquences ? Une “amélioration” ou une “dégradation” des conditions de travail ?
L’avant et après
Pour Michel Gollac, statisticien et sociologue reconnu comme “un des meilleurs spécialistes des conditions de travail”, il n’y a pas de date précise à partir de laquelle l’évolution des conditions de travail a été plus marquée. Cependant, il nous explique que “en gros l’essentiel, en France tout au moins, a lieu entre les années 1985 et 2000. Les calendriers ne sont pas les mêmes selon les pays. (…) En France, les dernières enquêtes ont montré que l’évolution s’est arrêtée depuis 2000 mais sans qu’il y ait retour en arrière. Et on ne sait pas bien à quoi il faut s’attendre à l’avenir. »
Pour Serge Volkoff, statisticien et ergonome spécialiste des relations entre l’âge, le travail et la santé, il y a un “changement dans la démarche, une modification du regard”.
L’action syndicale peut alors mettre en lumière le sujet des conditions de travail. On dit de cette action syndicale que “lorsqu’elle met en avant le thème des conditions de travail, elle peut aussi changer les données, de même que le fait que les gens soient davantage formés donc mieux informés.”
Pierre Bourdieu dans La Distinction notait déjà que l’idée qui veut que “le corps soit un instrument” évolue, le rapport au corps se transforme.
Des contraintes toujours présentes.
Les pénibilités physiques sont pour la majorité associées au travail industriel, elles ont avec le temps difficilement évoluées. On retrouve parmi ces nombreuses contraintes : travailler dans le bruit, porter de lourdes charges, le fait de rester longtemps debout dans une position inconfortable. Un problème est aussi bien présent, celui du travail sous cadence automatique ou à la chaîne.
On peut cependant noter une évolution avec la durée du travail, qui a, suite aux lois sur la réduction du temps de travail, diminué de 3,5 heures par semaine entre 1998 et 2002. On remarque que ce temps de travail évolue, mais qu’il est espacé de manières bien différentes. En effet, le nombre de salariés travaillant le soir a fortement augmenté, comptant 10% des collaborateurs en 2005 contre 2% en 1991. Travailler le samedi est aussi toujours une habitude stable,1 travailleur sur 2. Une tendance se dégage cependant avec une hausse pour le travail le dimanche.
Une charge mentale qui pèse plus lourd
La charge mentale ne cesse de s’accroître, et cela résulte de la diffusion des nouvelles technologies (digitales, techniques, etc). Ces nouveautés facilitent le travail tout en lui imposant une exigence plus forte. Il faut maintenant être plus rapide et réactif. De plus en plus de collaborateurs sont en contact direct avec le client, ce qui peut augmenter les conflits. En 2020, c’est une femme sur cinq et un homme sur sept qui ont subi des violences au travail, qui ont été insultés, harcelés, pressurisés, agressés sexuellement et/ou physiquement.. Tous les collaborateurs sont concernés par cette évolution, ce changement augmente la pression de charge mentale par la complexification des tâches et par une pression temporelle.
Les conditions de travail font l’objet d’enquête par la Dares et collectées par l’Insee, et ce, depuis 1978. On y retrouve tous les types d’organisations et ainsi tous les collaborateurs. Cette enquête nommée « Emploi » soumet les collaborateurs à un ensemble de questions sur leurs activités, la deuxième enquête “Emploi en Continu”, venant compléter la première, se concentre sur “le travail tel qu’il est perçu par le travailleur, et non pas le travail prescrit tel qu’il peut être décrit par l’entreprise ou l’employeur.”
Cette enquête est faite à domicile de façon personnelle. Les questions posées ne renvoient pas à une description concrète du travail, de son organisation et de ses conditions, selon divers angles : “la prescription, les marges de manœuvre, la coopération, les rythmes de travail, les efforts physiques ou les risques encourus.”
On remarque à travers ces enquêtes certes de nombreuses évolutions, comme les accidents de travail qui diminuent, qui s’expliquent par le déclin des emplois industriels et par les efforts de prévention. A contrario, les maladies professionnelles ont, elles, augmentées. L’intensité du travail s’est accompagnée d’un recul des marges de manœuvres, en effet, les organisations sont devenues plus routinières. Comme dit précédemment, selon Michel Gollac, “on ne sait pas bien à quoi il faut s’attendre à l’avenir”.
Conclusion :
L’évolution des conditions de travail est liée à l’évolution des modes de travail, notamment des attentes des collaborateurs sur la qualité de vie au travail (QVT). 81% des salariés français estiment aujourd’hui que “leur entreprise mène des initiatives pour améliorer leur QVT” ce qui est une nouvelle amélioration. Les entreprises s’intéressent donc davantage à l’épanouissement et le bonheur de leurs collaborateurs, en entreprises et en dehors.