La raison d’être en entreprise : une boussole moderne

Après avoir retracé l’histoire des RH de manière bien plus anecdotique qu’exhaustive nous finissons enfin par nous rapprocher des RH modernes. 

Au fur et à mesure de notre voyage historique nous nous sommes rendu compte ensemble que les RH avaient autant à voir avec les salariés qu’avec les organisations. C’est pour cela qu’aujourd’hui nous allons consacrer notre réflexion à la raison d’être des sociétés. 

Une quête de sens… 

La motivation des salariés prise individuellement est indispensable dans le bon fonctionnement d’une organisation. Néanmoins une fois que nous avons atteint les limites de cette exploration il convient de se pencher sur les moyens pour susciter une motivation collective bien plus puissante. 

Chaque individu dispose de motifs propres qui le pousse à se lever chaque matin et se rendre « au travail », qu’il s’agisse de nécessité, de plaisir ou encore de confort. Aucune des précédentes raisons n’est aussi puissante que la tractation vers le haut d’un projet qui nous dépasse peut provoquer. 

En effet, une organisation à laquelle nous avons pleinement conscience d’appartenir et au sein de laquelle notre impact est réel. Ce sentiment décuple la motivation en nous responsabilisant directement sur notre impact dans la société à travers un job qui compte véritablement.

Pendant longtemps la poursuite du profit s’est suffi à elle-même. Les dirigeants d’entreprise n’ont pas cherché à voir plus loin ce qui a fini par noyer la motivation salariale dans une poursuite du profit sans impact direct sur eux. 

L’entreprise lambda n’augmentant pas mécaniquement les salaires de tout le monde en fonction de la fluctuation des profits, est plus encline à redistribuer les bénéfices dans les sphères hautes de l’organigramme(dirigeants, managers et actionnaires). Les salariés finissent par perdre le sens de leur engagement qu’il soit financier ou pas !

La Raison d’être a pour objectif de retrouver, voire de (re)créer, cette motivation inspirante pour chacun. 

Le meilleur exemple de la réussite d’une Raison d’être est de celui de Best Buy, l’équivalent du Fnac aux US, qui était au bord de la faillite en2012 avec des profits en chute libre : -90% (ses concurrents 100% en ligne avaient cassés les prix).

Un français est appelé au secours de cette entreprise donnée pour morte. À son arrivée, Hubert Joly recentre la stratégie sur le cœur business de Best Buy, soit la vente. Il s’attela à changer le rapport de force entre équipe du siège et équipes terrain, en retransformant la culture de l’entreprise.  Le travail est colossal car au-delà des décisions financières qu’il lui faut prendre ce sont les salariés qui sont démotivés dans leur ensemble. 

Alors Joly décide de créer une raison d’être en plus de la restructuration de l’entreprise afin de regagner la confiance de ses salariés-clés. En remettant les équipes de vente à la tête de toutes les stratégies et en lead sur les sujets de transformation, il rend à nouveau l’entreprise compétitive et peut aligner ses prix à la concurrence. Tout en exprimant tout cela avec cette phrase : Expert service. Unbeatable price.


Ce n’est qu’un slogan, sauf si vous le faites et que vous remotivez vos collaborateurs autant par vos actes que par vos mots.

…profitable à tout le monde

Pour Best Buy le pari de Joly est gagnant, le cours de l’action est multiplié par 4 en un an seulement et plus de cinq ans après le groupe a renouéavec les profits bien au-delà des espérances les plus optimistes. 

Il vaut mieux avoir de véritables « ambassadeurs » de la marque ou de la société profondément convaincus par la mission qui leur ai confiée plutôt que des collaborateurs animés par l’appât du gain.

La définition d’une raison d’être d’une entreprise est un retour aux sources aussi bénéfique pour l’entité en elle-même que pour ses salariés. Sous prétexte qu’elle apporte une motivation à tous les intégrants, elle pose également les bonnes questions aux dirigeants et visionnaires en leur permettant de s’extraire du quotidien court-termiste routinier. 

Une entreprise apporte un produit ou un service qui doit avant tout rechercher à se rendre utile à la société. Il devient indispensable d’expliciter cette vision pour la rendre non seulement intelligible et convaincante en interne mais aussi aux yeux des clients et par extension du monde entier. 

Pour éviter le slogan vide de sens visant à bien sonner plutôt qu’à réellement incarner quelque chose il convient de réaliser un travail introspectif sincère de la société, de son histoire et de son futur.

Au-delà de l’accélération qu’elle provoque, la raison d’être inscrit les individus dans un collectif qui les dépassent. Il y a une véritable logique de réappropriation de la carrière des collaborateurs, parfois endormis par la monotonie de la vie professionnelle. On leur (ré)insuffle du sens dans leur travail quotidien ce qui les pousse à se transcender. La création de ce cercle vertueux est un atout inégalable dans n’importe quelle organisation ayant pour souhait d’avoir un impact significatif sur le monde qui l’entoure. 

Conclusion

D’abord définie officieusement la raison d’être s’est progressivement imposée dans le débat public jusqu’à faire l’objet d’une inscription dans laLoi PACTE du 22 Mai 2019. 

Les salariés performants ne suffisent plus de nos jours il faut désormais savoir les motiver en construisant une vision commune de leur impact sur la société.

La raison d’être des entreprises a opéré un retour en force dans les organisations qui se rendant compte que leurs salariés démotivés finissaient par perdre de vue leur impact et donc par se focaliser sur leurs impacts les plus directs étaient bien moins enclins à aider l’organisation à progresser. 

En France le rapport Notat-Senard redonna à la raison d’être ses lettres de noblesse en servant de base à la Loi Pacte.

Le sens que les organisations donnent au travail est de nos jours une caractéristique indispensable des entreprises qui souhaite attirer les meilleurs talents et survire au successives crises à venir.

Alvaro LLANOSBusinessDevelopper Officer, chez Klara  

Pour aller plus loin :

https://www.universalis.fr/encyclopedie/besoin-sociologie/

https://www.editions-ellipses.fr/PDF/9782340020429_extrait.pdf

https://www.economie.gouv.fr/mission-entreprise-et-interet-general-rapport-jean-dominique-senard-nicole-notat

https://www.latribune.fr/economie/france/objet-social-la-loi-pacte-retient-l-essentiel-du-rapport-notat-senard-782151.html

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